LA VALEUR
Lao-Tseu voyageait un jour avec ses disciples. Ils rencontrèrent des bûcherons qui venaient d'abattre tous les arbres d'un bois, à l'exception d'un seul. L'arbre qui avait échappé au massacre était immense, si grand qu'une foule pouvait s'asseoir dans son ombre. Lao-Tseu envoya ses disciples s'enquérir de la raison du privilège accordé à cet arbre.
Les bûcherons expliquèrent qu'il ne valait rien. Il était inutilisable en menuiserie, son tronc et ses branches étant trop noueux. Comme combustible il était également sans intérêt, en brûlant, il dégageait une fumée qui irritait les yeux. Voila pourquoi nul ne se donnait la peine de le couper.
Cela amusa beaucoup Lao-Tseu.
Soyez comme cet arbre dit-il à ses disciples. Si vous êtes utiles, on vous abattra et vous servirez de mobilier dans la maison de quelqu'un d'autre. Si vous êtes beau, on vous achètera comme objet décoratif.
Suivez l'exemple de cet arbre, n'ayez aucune utilité. Vous grandirez en paix et un jour des milliers de personnes savoureront l'ombre que vous projetterez.
* - * - *
QUI BOUGE ?
Par un bel après-midi de printemps, deux jeunes moines novices regardent
un drapeau qui bouge sous l’effet du vent. S’engage alors cette
discussion:
" C’est le drapeau qui bouge!
- Pas du tout, c’est le vent!
- Selon les enseignements, ce qui compte, c’est ce qui se trouve devant nous, maintenant. Or c’est le drapeau qui se trouve devant nous, et nous voyons bien que c’est lui qui bouge!
- C’est faux, ta vision est erronée, tu dois pratiquer plus! Le mouvement du drapeau est une conséquence, celle du mouvement du vent, il en est la cause première, la réalité au-delà des apparences.
- Mais selon le Bouddha...
- Mais non, pas du tout...
- Et patati......
- Et patata......."
- Pas du tout, c’est le vent!
- Selon les enseignements, ce qui compte, c’est ce qui se trouve devant nous, maintenant. Or c’est le drapeau qui se trouve devant nous, et nous voyons bien que c’est lui qui bouge!
- C’est faux, ta vision est erronée, tu dois pratiquer plus! Le mouvement du drapeau est une conséquence, celle du mouvement du vent, il en est la cause première, la réalité au-delà des apparences.
- Mais selon le Bouddha...
- Mais non, pas du tout...
- Et patati......
- Et patata......."
Et la discussion s’éternise et ne mène à aucune conclusion satisfaisante
pour les deux moines. Ils en viennent même à se disputer et presque à
en venir aux poings!
Ils aperçoivent alors leur maître qui, amusé, avait suivi toute cette
conversation en silence, et les regarde, impassible. Gênés, ils lui
demandent:
"Maître, est-ce le drapeau qui bouge, ou bien le vent?"
Et le maître répondit:
"Ce n'est ni le vent, ni le drapeau qui bouge, c'est votre esprit."
* - * - *
Le Soufi et le Trône
La Tasse de Thé
Un maître Zen convoque un disciple et pour le jauger lui demande brusquement:
_ Qu'est-ce que le Zen ?
Il arriva un jour que le Bouddha accompagné de quelques disciples ait à franchir un fleuve. Ils prirent donc un passeur qui les emmena dans sa barque. Chemin faisant, ils virent se déplacer au loin un homme imposant qui, lui, traversait en marchant sur les eaux. Les disciples, muets regardaient le spectacle. Mais l'un d'eux se risqua, n'y tenant plus, à interroger le Bouddha :
_ Maître, cet homme a des pouvoirs incontestables. Quelle est la valeur d'un tel pouvoir?
_ Je vous donnerai la réponse tout à l'heure" dit le Bouddha.
Une fois le fleuve traversé, le batelier réclama cinq annas (cinq centimes) à chacun. Alors le Bouddha se tourna vers le disciple questionneur et lui dit :
_ Vous voyez, ce pouvoir vaut cinq centimes.
Un vieil homme sage très vénéré par ceux qui l'approchaient et par ceux qui l'écoutaient, vivait très simplement dans une maison des plus rudimentaires.
Un certain jour, il reçut la visite d'un homme très riche de la ville voisine.
Celui-ci fut très étonné de voir le sage logé dans une pièce meublée seulement d'un tapis, d'une table basse et d'une paillasse.
L'homme riche s'exclama:
_ Mais où sont vos meubles!
L'homme sage répondit:
_ Mais où sont les vôtres?
_ voyons, maître...je suis en visite... Je suis simplement de passage!
_ Moi aussi, voyez-vous! Répondit le vieil homme en souriant.
Deux moines Zen s’apprêtaient à traverser une rivière. Ils rencontrèrent une belle jeune femme qui désirait aussi traverser, mais elle avait peur. Aussi l’un des moines la prit dans ses bras et la porta sur l’autre rive.
Son camarade était furieux. Il ne dit rien, mais il bouillonnait à l’intérieur: c’était interdit ! Un moine bouddhiste ne devait pas toucher une femme. Et non seulement il l’avait touchée, mais il l’avait portée dans ses bras.
Les kilomètres passèrent. Lorsqu’ils atteignirent le monastère, en franchissant la porte, le moine en colère se retourna vers son compagnon et lui dit:
– Eh bien, je vais devoir parler de cette affaire au Maître et tout lui raconter. Ce que tu as fait est interdit !
Le premier moine s’étonna:
– De quoi parles-tu, qu’est-ce qui est interdit ?
– L’as-tu oublié ? demanda le second. Tu as porté cette belle jeune femme dans tes bras !
Le premier moine rit et dit :
– Oui, je l’ai portée. Mais je l’ai laissée près de la rivière, loin d’ici. Mais toi, es-tu encore en train de la porter ?
* - * - *
UN ÂNE
Un jour, un roi rendit visite au maître zen Muhak, et lui dit ceci:
"Mon ami, voici de longues années que nous nous connaissons à présent; nous sommes seuls, j'ai renvoyé mes serviteurs.
Echangeons quelques plaisanteries, voilà bien longtemps que je n'ai pas ri!
Echangeons quelques plaisanteries, voilà bien longtemps que je n'ai pas ri!
- A vous l'honneur, Sire, dites-moi quelque chose d'amusant...
- Cher Munak, tout maître zen que tu sois, tu ne vaux pas mieux qu'un âne! Ah, ah, ah!!!
Allez, à toi, dit le roi, dis-moi quelque chose de drôle!
- Sire, en ce moment même vous êtes comme Shakyamuni au pied de l'arbre de l'éveil!
- Ce n'est pas amusant du tout, dit le roi.
Je te compare à un âne, et toi tu dis que je suis le grand Bouddha lui-même!
- Mais Sire, dit Muhak, c'est le propre d'un âne de ne voir partout que
des ânes, et celui du Bouddha de voir partout sa propre nature de
Bouddha..."
* - * - *
Le Soufi et le Trône
Toute la cour est là, attendant l'arrivée du roi, quand un fakir soufi
en haillons entre et va nonchalamment s'asseoir sur le trône.
Le premier ministre n'en croit pas ses yeux.
- Qui crois-tu être, pour entrer ici et te conduire de cette manière ? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre ?
- Un ministre ? Rétorque le soufi. Non je suis bien plus que cela.
- Tu ne peux être le premier ministre, parce que le premier ministre c'est moi. Serais-tu le roi?
- Non pas le roi, plus que cela.
- L'empereur?
- Non, encore plus !
- Le prophète alors ?
- Plus encore !
- Serais-tu Dieu ?
- Non, je ne suis pas dieu. C'est encore bien plus que cela.
- Mais il n'y a rien au dessus de Dieu !
- C'est exact, répond le soufi. Je suis ce rien.
Extrait de Ramesh S. Balsekar - « Laisser la vie être »
* - * - *Le premier ministre n'en croit pas ses yeux.
- Qui crois-tu être, pour entrer ici et te conduire de cette manière ? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre ?
- Un ministre ? Rétorque le soufi. Non je suis bien plus que cela.
- Tu ne peux être le premier ministre, parce que le premier ministre c'est moi. Serais-tu le roi?
- Non pas le roi, plus que cela.
- L'empereur?
- Non, encore plus !
- Le prophète alors ?
- Plus encore !
- Serais-tu Dieu ?
- Non, je ne suis pas dieu. C'est encore bien plus que cela.
- Mais il n'y a rien au dessus de Dieu !
- C'est exact, répond le soufi. Je suis ce rien.
* - * - *
Le Moine et le Scorpion
Un Maître Zen vit un scorpion se noyer et décida de le tirer de l’eau.
Lorsqu’il le fit, le scorpion le piqua.
Par l’effet de la douleur, le maître lâcha l’animal qui de nouveau tomba à l’eau
en train de se noyer. Le maître tenta de le tirer nouvellement et l’animal le piqua encore.
Un jeune disciple qui était en train d’observer se rapprocha du Maître et lui dit :
- Excusez-moi Maître, mais vous êtes têtu! Ne comprenez vous pas qu’à chaque fois que vous tenterez de le tirer de l’eau il va vous piquer ?
Le maître répondit:
- La nature du scorpion est de piquer et cela ne va pas changer la mienne qui est d’aider.
Alors, à l’aide d’une feuille, le maître tira le scorpion de l’eau et sauva sa vie,
puis s’adressant à son jeune disciple, il continua:
- Ne change pas ta nature si quelqu’un te fait mal, prends juste des précautions.
Les uns poursuivent le bonheur, les autres le créent. Quand la vie te présente mille raisons de pleurer, montre-lui que tu as mille raisons pour sourire. Préoccupe-toi plus de ta conscience que de ta réputation. Parce que ta conscience est ce que tu es, et ta réputation c’est ce que les autres pensent de toi… Et ce que les autres pensent de toi… c’est leur problème ! »
* - * - *
Le Guru et le Disciple
Chaque mois, le disciple envoie fidèlement à son Maître un compte rendu de sa progression spirituelle.
Au cours du premier mois il lui écrivit :
« J’éprouve une expansion de la conscience et je ressens mon unité avec l’univers. »
Le Maître jeta un coup d’œil à la note et la mit au panier.
« J’éprouve une expansion de la conscience et je ressens mon unité avec l’univers. »
Le Maître jeta un coup d’œil à la note et la mit au panier.
Le mois suivant, voilà ce qu’il avait à dire :
« J’ai finalement découvert que le divin est présent en toutes choses. »
Le Maître parut déçu.
« J’ai finalement découvert que le divin est présent en toutes choses. »
Le Maître parut déçu.
Le troisième mois, les mots du disciple clamaient avec enthousiasme :
« Le mystère de l’Un et du multiple vient d’être révélé à mon regard ébloui. »
Le Maître hocha la tête et à nouveau jeta la lettre au panier.
« Le mystère de l’Un et du multiple vient d’être révélé à mon regard ébloui. »
Le Maître hocha la tête et à nouveau jeta la lettre au panier.
La lettre suivante disait :
« Personne ne naît, personne ne vit, personne ne meurt, car l’ego est inexistant. »
Le Maître leva les yeux au ciel, au comble du désespoir semblait-il.
« Personne ne naît, personne ne vit, personne ne meurt, car l’ego est inexistant. »
Le Maître leva les yeux au ciel, au comble du désespoir semblait-il.
Puis un mois passa, puis deux, puis cinq - et finalement une année entière s’écoula, sans aucune nouvelle. Le Maître pensa alors qu’il était temps de rappeler au disciple son devoir de l’informer de ses progrès spirituels.
Le disciple répondit alors :
« Qui se soucie de ça ? »
Lorsque le Maître lut ces mots, une intense satisfaction se répandit sur son visage.
Le disciple répondit alors :
« Qui se soucie de ça ? »
Lorsque le Maître lut ces mots, une intense satisfaction se répandit sur son visage.
Extrait de Ramesh S. Balsekar - « Laisser la vie être »
La Tasse de Thé
Il était une fois, en Inde, un
grand maître spirituel, un Mahatma, qui vivait au plus profond de la
forêt. Un savant vint un jour lui rendre visite.
Il était très pressé et demanda au Mahatma:
_ Vénérable sage, pouvez-vous m’enseigner la méditation?
Le Mahatma lui sourit et dit :
_ Pourquoi
êtes- vous si pressé ? Asseyez-vous, détendez-vous et prenez une tasse
de thé. Nous discuterons ensuite, nous avons le temps.
Mais le savant était agité et impatient. Il répondit:
_ Pourquoi pas maintenant ? Dites-moi quelque chose au sujet de la méditation!
Le Mahatma insista néanmoins pour que le savant s’assoie, se détende, prenne une tasse de thé avant d’aborder le sujet.
Le visiteur dû céder et finit par s’asseoir. Il lui fût toutefois impossible de se détendre; il parlait sans arrêt.
Le Mahatma prit son temps. Il prépara le thé et revint auprès du savant
qui l’attendait avec impatience. Il lui tendit une tasse et une
soucoupe, puis se mit à verser le thé. La tasse se remplit, déborda,
mais le Mahatma ne cessait pas de verser.
Le savant cria:
_ Que faites- vous ? La tasse est pleine? Arrêtez!
Mais le Mahatma continuait. Le thé déborda dans la soucoupe, puis se mit à couler sur le sol.
Le savant cria de toutes ses forces :
_ Hé! Êtes-vous aveugle ? Ne voyez-vous pas que la tasse est pleine et ne peut contenir une goutte de plus ?
Le Mahatma sourit et cessa de verser.
_ C’est
juste, dit-il, la tasse est pleine et ne peut contenir une goutte de
plus. Tu sais donc qu’une tasse pleine ne peut recevoir davantage.
Comment pourrais-tu alors, toi qui débordes de connaissances, m’écouter
lorsque je parle de méditation? C’est impossible. Fais de la place,
d’abord, dans ton esprit et ensuite, je te dirai ce que je peux faire
pour toi.
* - * - *
Qu'est-ce que le Zen ?
Un maître Zen convoque un disciple et pour le jauger lui demande brusquement:
_ Qu'est-ce que le Zen ?
Après une forte concentration, le disciple, pensant refléter le plus pur esprit du Tao et du Tch'an, répond au maître :
_ C'est le Zen !
Le maître alors regarde tristement le disciple et lui dit :
_ Bavard !
(Version d'une histoire Zen racontée par Sun-Wu-Kungh)
_ C'est le Zen !
Le maître alors regarde tristement le disciple et lui dit :
_ Bavard !
(Version d'une histoire Zen racontée par Sun-Wu-Kungh)
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La Valeur d'un Pouvoir
Il arriva un jour que le Bouddha accompagné de quelques disciples ait à franchir un fleuve. Ils prirent donc un passeur qui les emmena dans sa barque. Chemin faisant, ils virent se déplacer au loin un homme imposant qui, lui, traversait en marchant sur les eaux. Les disciples, muets regardaient le spectacle. Mais l'un d'eux se risqua, n'y tenant plus, à interroger le Bouddha :
_ Maître, cet homme a des pouvoirs incontestables. Quelle est la valeur d'un tel pouvoir?
_ Je vous donnerai la réponse tout à l'heure" dit le Bouddha.
Une fois le fleuve traversé, le batelier réclama cinq annas (cinq centimes) à chacun. Alors le Bouddha se tourna vers le disciple questionneur et lui dit :
_ Vous voyez, ce pouvoir vaut cinq centimes.
* - * - *
De Passage
Un certain jour, il reçut la visite d'un homme très riche de la ville voisine.
Celui-ci fut très étonné de voir le sage logé dans une pièce meublée seulement d'un tapis, d'une table basse et d'une paillasse.
L'homme riche s'exclama:
_ Mais où sont vos meubles!
L'homme sage répondit:
_ Mais où sont les vôtres?
_ voyons, maître...je suis en visite... Je suis simplement de passage!
_ Moi aussi, voyez-vous! Répondit le vieil homme en souriant.
* - * - *
Les deux moines et la jeune femme
Deux moines Zen s’apprêtaient à traverser une rivière. Ils rencontrèrent une belle jeune femme qui désirait aussi traverser, mais elle avait peur. Aussi l’un des moines la prit dans ses bras et la porta sur l’autre rive.
Son camarade était furieux. Il ne dit rien, mais il bouillonnait à l’intérieur: c’était interdit ! Un moine bouddhiste ne devait pas toucher une femme. Et non seulement il l’avait touchée, mais il l’avait portée dans ses bras.
Les kilomètres passèrent. Lorsqu’ils atteignirent le monastère, en franchissant la porte, le moine en colère se retourna vers son compagnon et lui dit:
– Eh bien, je vais devoir parler de cette affaire au Maître et tout lui raconter. Ce que tu as fait est interdit !
Le premier moine s’étonna:
– De quoi parles-tu, qu’est-ce qui est interdit ?
– L’as-tu oublié ? demanda le second. Tu as porté cette belle jeune femme dans tes bras !
Le premier moine rit et dit :
– Oui, je l’ai portée. Mais je l’ai laissée près de la rivière, loin d’ici. Mais toi, es-tu encore en train de la porter ?
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