Question : Les instruments de destruction ont acquis une puissance
inouïe. Par ailleurs, notre productivité est devenue telle qu’elle
détruit la nature et nos valeurs culturelles et sociales.
Nisargadatta : Vous parlez d’ici et maintenant. En est-il de même
partout et toujours ? Cette situation angoissante peut n’être que
passagère et localisée. Une fois passée, elle sera oubliée.
Question : L’ampleur de la catastrophe qui nous guette sera incroyablement élevée. Nous vivons au cœur de l’explosion.
Nisargadatta : Tout homme souffre et meurt seul. Le nombre n’a aucune
signification. la mort est toujours aussi présente, que des millions
d’hommes périssent ou qu‘un seul meure.
Question : On
compte par millions les victimes de la nature, mais cela ne m’effraie
pas. Sans doute y a-t-il la tragédie ou mystère, mais point de cruauté.
Ce qui m’horrifie, c’est la souffrance, la ruine et la dévastation que
l’homme crée. La nature est superbe dans ses créations comme dans ses
destructions. Mais dans les actions de l’homme on ne trouve que
mesquinerie et folie.
Nisargadatta : Vous avez raison.
Aussi votre problème n’est-il pas la souffrance et la mort, mais la
mesquinerie et la folie qui en sont les racines. La mesquinerie
n’est-elle pas aussi une forme de folie ? N’est-elle pas une façon de
mesurer du mental ? Le problème de l’humanité ne réside que dans le
mauvais usage du mental. À l’homme qui use adéquatement du mental, tous
les trésors de la nature et de l’esprit sont offerts.
Question : Où est le bon usage du mental ?
Nisargadatta: Le mauvais usage du mental est le produit de la peur et
de l’avidité. Le bon usage du mental, c’est de le mettre au service de
l’amour, de la vie, de la vérité et de la beauté.
Question : C’est plus facile à dire qu’à faire. L’amour de la vérité,
l’amour de l’homme, la bonne volonté quel luxe ! Nous en avons besoin à
foison pour remettre le monde debout, mais qui nous les dispense ?
Nisargadatta : Vous pourriez passer une éternité à chercher autour de
vous la vérité et l’amour, l’intelligence et la bonne volonté, une
éternité à prier Dieu et à implorer les hommes, tout cela en vain. Il
vous faut commencer à chercher en vous-même c’est une loi inexorable.
Vous ne pouvez pas transformer l’image sans changer le visage . Il faut
que vous réalisiez d’abord que votre monde n’est qu’un reflet de
vous-même et que vous cessiez d‘en attribuer les défauts au reflet.
Soyez présent à vous-même, mettez de l‘ordre dans votre mental, dans vos
émotions. Le physique suivra automatiquement. Vous parlez beaucoup trop
de réformes économiques, sociales ou politiques.
Laissez les réformes de côté et inquiétez-vous du réformateur.
Quelle sorte de monde pourrait créer l’homme stupide, avide, sans cœur ?
Question : Si nous devons attendre une transformation du cœur, il nous
faudra alors attendre indéfiniment. Votre conseil vise à la perfection,
mais il porte aussi au désespoir. Quand nous serons tous parfaits, le
monde sera parfait. C’est un truisme inutile.
Nisargadatta : Ce n’est pas ce que j’ai dit, je n’ai fait que dire que
vous ne pouvez pas changer le monde avant que vous ne vous soyez
transformé. Je n’ai pas dit, avant que tous ne soient transformés Il
n’est ni nécessaire, ni possible, de changer les autres. Mais vous
pouvez vous changer vous-même et découvrir, alors, qu’il n’est besoin
d’aucun autre changement. Pour changer de film vous vous contentez de
changer de pellicule, vous ne vous attaquez pas à l’écran !
Question : Comment pouvez-vous être aussi sur de vous ? Comment savez-vous que ce que vous dites est vrai ?
Nisargadatta : Ce n’est pas de moi dont je suis sûr, c’est de vous.
Tout ce que vous avez à faire, c’est de cesser de chercher hors de vous
ce qui ne peut être trouvé qu’en vous.
Ajustez votre vision avant d’agir .
Vous souffrez de fausses interprétations à l‘état aiguë. Clarifiez
votre mental, purifiez votre cœur, sanctifiez votre vie. C’est là le
plus court chemin pour transformer votre monde.
Question : Bien des saints et des mystiques ont vécu et sont morts. Ils n’ont pas changé mon monde.
Nisargadatta : Comment l’auraient-ils pu ? Votre monde n’est pas plus le leur que le leur n’est le vôtre. »
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