"Pouvez-vous nous parler du choix ?" par Nisargadatta Maharaj



Question : dans notre vie nous avons souvent à faire des choix. Pouvez-vous nous parler du choix…

Nisargadatta Maharaj : "Mais le choix concerne la personne ; l’Absolu n’a aucun choix, il est. Tant que tu crois devoir choisir, tu prouves par là même que tu n’es pas libre, car quand tu es libre, tu n’as rien à choisir. C’est la Vie qui t’a choisi et c’est la Vie qui choisit. Tant que tu crois choisir, tu te leurres toi-même, tu es entraîné dans les histoires des autres. Tant que tu as l’impression d’avoir un choix, quel qu’il soit, tu appelles ça le libre-arbitre et tu méconnais la Liberté. En face de toute personne, de toute situation, même que tu as créée, tant que tu crois être libre de choisir, tu n’es pas libre. La liberté de choix n’est pas la Liberté. Justement, la vraie Liberté est de ne pas avoir à choisir quoi que ce soit. C’est la Vie qui fait le choix, ce n’est pas toi, quelles que soient les activités, quelles que soient les obligations.
N’oubliez pas que tous, quand nous passons sur terre, nous sommes obligés de gagner notre vie, de payer notre lieu de vie, d’entretenir nos enfants, de payer des impôts. Il est évident qu’il n’y aura jamais de liberté là-dedans, mais néanmoins vous devez respecter cela parce que le Jnani (le sage) ne peut pas se mettre en opposition à quoi que ce soit. Il peut constater l’erreur mais jamais il ne cherchera à infléchir quoi que ce soit car il sait parfaitement que chaque chose, chaque événement, chaque situation, même la plus détestable, est exactement à la bonne place. Donc le Jnani n’a jamais le choix.
Le choix correspond à la personne, le choix correspond à la dualité. Le Jnani ne choisit jamais, il laisse les choses se dérouler. De l’extérieur, vu de la personne, cela pourrait se nommer de la passivité, mais en vérité, c’est tout sauf cela.
Le Jnani est actif, plus que jamais, surtout quand il ne fait rien et qu’il se contente de suivre la Vie. Tant qu’il existe, et je pèse mes mots, la moindre volonté ou revendication personnelle liée à quelque désir ou besoin que ce soit, vous n’êtes pas libres. Même si vous croyez l’inverse, même si vous avez l’impression de vous libérer, d’une situation, d’un lieu, d’un mari, d’une femme, vous êtes enchaînés. Et pourtant je vous l’ai dit, il ne sert à rien de quitter votre famille, votre lieu ou quoi que ce soit d’autre, c’est vous que vous devez quitter. Vous saisissez cela ?
Je crois que les Anciens ont souvent employé les mots de Fluidité, d’Unité, d’Abandon à la Lumière, moi je vous le dis de manière plus abrupte : quittez tout ce que vous croyez, mais pas votre corps, pas votre femme, pas vos enfants, quittez le fatras mental de toutes les histoires, de toutes les croyances. La position de l’observateur ou du témoin avait pour vocation, et a toujours pour vocation, à vous montrer, comme le spectateur de la scène de théâtre, votre propre personnage. Vous n’êtes même pas le témoin, vous n’êtes même pas l’observateur, mais cela a permis pour nombre d’entre vous d’approcher de la Vérité.
Mais encore une fois, quel que soit le gourou, quel que soit le dieu, quelle que soit la Lumière, quel que soit l’univers qui viendrait à votre contact – ce qui est le cas, je crois, en ce moment –, rappelle-toi qu’il existe avant tout la peur de la mort.
Rappelle-toi avant tout que ton éternité n’a ni début ni fin et rends-toi compte qu’en ce monde il y a un début et une fin. Mais le début et la fin de ce corps n’est pas la fin de la Vie, ni la fin de la conscience, c’est simplement la fin de ce monde, comme quand tu dors.
Est-ce que quand tu dors, sauf si tu en rêves, tu penses à changer de ceci ou cela ? Est-ce que tu penses qu’il y a besoin réellement de changer des choses ? Non, tu dors. C’est l’ego et la personne qui veut changer. Oublie-toi, ou quitte-toi, ça revient au même, c’est la seule chose dont tu dois te débarrasser ; la seule chose que tu dois quitter, c’est toi."


Commentaires